Vous retrouverez dans cet article le compte-rendu complet de la réunion du CSA-D de lundi 6 février 2023 ainsi que la déclaration liminaire de la FSU Oise :
Compte-rendu de la réunion du CSA-D
Déclaration liminaire FSU de l’Oise
Monsieur l’Inspecteur d’Académie,
Qu’est-ce qu’une école ? Une école, c’est avant tout des élèves, des enfants et leurs familles accueilli·es au sein du service public. Une école, c’est une petite société isolée du monde mais dont les frontières ne lui sont pas imperméables. Une petite société accueillante et protectrice à l’égard de tous les enfants et leurs familles d’où qu’iels viennent, quelques soient leurs ressources culturelles ou financières et qu’iels aient, ou pas, des papiers. Dans une école idéale, les inégalités, intrinsèquement injustes, qui traversent notre société, sont combattues par le principe même d’un accueil de toutes et tous au sein service public d’éducation laïc, gratuit et par des dispositifs, certes bien insuffisants, compensant ces inégalités : réseaux d’éducation prioritaire, renforcé ou non, PPS et AESH pour les élèves en situation de handicap… L’école, nos élèves s’y déploient et y grandissent de façon égalitaire et construisent une grande partie de leur vie dans ces murs. Parce qu’une école ce n’est pas juste une toiture, peut-être amiantée, bâtie sur des murs à la peinture écaillée décorés et investis par les personnels et les travaux tachés des élèves. Une école, c’est toute une vie pour un enfant. Une vie de pleurs, de rires, de chagrins d’amour ou d’amitiés, les copains, les copines, le groupe classe qui se constitue semaine après semaine, année après année. Une école, c’est tout ça, et bien plus, pour un élève. Les adultes qui y travaillent, les équipes qui s’y construisent, y restent souvent plus longtemps que la scolarité de leurs élèves et peuvent même voir se succéder une fratrie et parfois une ou deux autres générations. Iels voient leur village ou quartier changer et sont des piliers vivants, immuables, de nos sociétés. Iels y laissent aussi de leur santé, on vous le rappelle souvent, des cris, des larmes, beaucoup de sueur mais aussi des sourires et l’envie d’y retourner même si c’est dur. Une école c’est tout ça, et bien plus, pour un·e enseignant·e ou un·e AESH.
Alors quand iels apprennent que du jour au lendemain leur école est résumée à une ligne dans un tableau ou un poids lourd dans un budget et que sans aucune concertation, sans tact et sans communication il est décidé de la fermer, alors justement (passez-nous l’expression), personne ne la ferme. L’effondrement dû à la brutalité de l’annonce laisse rapidement place à la résistance, le collectif reprend vite le dessus. Depuis lundi dernier, il y a sur Beauvais une puissante mobilisation citoyenne, syndicale et même professionnelle contre cette fermeture ubuesque de l’école élémentaire d’application Émile Foëx et ce n’est que le début. Vous pouvez compter sur la FSU.
Mais cela serait trop simple de toujours rejeter la faute sur autrui. Car monsieur le DASEN si une collectivité décide bien de l’avenir de son école publique, l’Éducation nationale a aussi son mot à dire.
Vous le savez, la FSU est en désaccord avec toute une série de contre-réformes qui rendent l’École toujours plus libérale et toujours moins émancipatrice. Heureusement que les personnels gardent le cap vers cet horizon malgré les attaques qui sabrent nos métiers, nos carrières, nos salaires, nos libertés pédagogiques, diminuent les droits et contrôles collectifs, accentue le mal-être et la précarité, font des fondamentaux et du nouveau management public une obsession compulsive en généralisant sciemment la concurrence financière et pédagogique entre collègues et équipes à coup de primes, de NEFLE, de tremplins ou de postes à profil, et la concurrence entre élèves et établissements via les évaluations nationales standardisées
Mais, mais, mais, on se disait quand même que malgré ces désaccords et la territorialisation grandissante de l’école publique, s’il s’agissait de sectionner une partie de la colonne vertébrale de notre Institution, à savoir ses écoles, là, il y aurait un sursaut, même timide. Malheureusement l’Éducation nationale abdique sans avoir livré bataille, elle se cache et se tait. Elle accepte ainsi, sans rechigner, la fermeture d’une école entière en sortant le seul parapluie de « l’accompagnement des personnels », nécessaire évidement mais insuffisant. On est alors en droit de questionner l’utilité même de notre institution.
Nos mots sont forts car nous parlons avec nos tripes, comme nos collègues, comme les parents de Foëx, et de tout un quartier et, bientôt peut-être, de toute une ville. Comme tous les personnels et toutes les familles dénonçant la perte de 40 ETP dans le 1er degré dans notre département pour la rentrée 2023, qui aura des répercussions sur la qualité de vie à l’école et les conditions de travail et d’apprentissage. L’école, dans l’Oise, pourtant, aurait plus que besoin de remplaçant·es, de RASED complets partout, d’effectifs raisonnables dans toutes les classes permettant un accueil digne de toutes et tous les élèves, tous les jours, et non des effectifs surchargés en cycle 3 en EP, des triples niveaux en école rurale, une « école inclusive » au rabais avec des climats de classe souvent explosifs et des journées voire des semaines sans enseignant·e pour assurer la classe.
Le bras de fer n’est pas près de retomber de notre côté, malgré les annonces couperet, malgré l’entrave de l’administration à l’exercice de nos rôles de délégué·es du personnel, elle qui nous communique des liasses de documents sur table au GT 1er degré et des centaines de lignes à analyser sur place. Malgré cela, nous défendrons nos écoles, les écoles de nos collègues, de leurs élèves et de leurs familles. Aussi, ce midi des personnels sont à nouveau mobilisé·e pour Foëx mais aussi pour toutes les autres classes menacées de fermetures dans l’Oise. Et demain iels seront aussi en grève et dans la rue pour dénoncer une réforme tout aussi injuste pour le monde du travail, des agent·es de la fonction publique et de l’éducation nationale, des précaires et des femmes qui subiront de plein fouet les conséquences de cette réforme libérale injuste. L’intersyndicale est unie pour gagner. Nous ne lâcherons pas.
Concernant le second degré, les documents du Comité Social d’Administration Académique, indiquent la suppression de 13 ETP dans les collèges de l’Oise. Quant à la prévision départementale de la rentrée 2023, elle annonce 20 divisions de moins qu’il n’y en a actuellement ! La FSU souhaite connaître ce qui justifie une perte de moyens si importante alors que le département ne comptera que 69 collégiens de moins à la rentrée d’après la prévision départementale envoyée.
Au sujet de ces documents préparatoires, la FSU dénonce le refus de transmettre les DHG actualisées pour 2022-2023 ! Cette demande ne cesse d’être faite depuis le CTSD du 5 septembre. Il s’agit là encore d’une grave entrave à l’encontre de notre rôle de délégué·es des personnels Pour la rentrée 2023, des sessions d’une heure hebdomadaire de consolidation ou d’approfondissement pour tous les élèves de 6ème en mathématiques ou en français sont annoncées. Ainsi, comme l’a dévoilé Monsieur le ministre de l’Éducation nationale, par la grâce d’une heure hebdomadaire de renforcement « tout [serait] résolu » ! Qui peut y croire ? Comment ne pas voir là un nouveau dispositif affiché pour cacher le manque d’investissements de ce gouvernement dans un service public d’éducation de qualité ?
En effet, baisser les effectifs dans nos classes hétérogènes et surchargées, ça, il n’en est pas question ! Le travail en effectifs réduits est pourtant la base du dispositif 6ème Tremplin sans cesse mis en avant par le rectorat…
Les mandats de la FSU sont les suivants : en collège, 24 élèves maximum par classe hors éducation prioritaire et 20 élèves maximum par classe en éducation prioritaire ; or, si l’on intègre les élèves d’ULIS dans les effectifs, comme la FSU ne cesse de le demander, car iels sont dans les classes, nous constatons que ces effectifs ne sont pas respectés, quels que soient les niveaux de classe.
Il y a donc 62 classes sur 1 420 qui correspondent aux mandats de la FSU, soit 4,37 % ! Pour les respecter, il faudrait ouvrir 285 divisions, 459 postes à 18 heures !
Par ailleurs, alors que le ministère ne cesse de dire que la transition entre le CM2 et la 6ème est difficile pour les élèves en raison notamment de la multiplication des intervenant·es, cela ne le gêne pas, dans le cadre du dispositif de renforcement ou d’approfondissement, d’encourager le recours à un·e intervenant·e supplémentaire !
Il s’agit d’une énième attaque contre notre statut suggérant que les enseignant·es sont interchangeables, qu’iels n’ont aucune expertise, et que tout le monde, peut enseigner le français et les mathématiques ! Tout le monde… ou presque : nous avons tous noté l’éviction, ô combien méprisante, des enseignante·s d’arts plastiques, d’éducation musicale et d’EPS !
Quant au recours possible aux professeur·es des écoles, c’est une nouvelle attaque contre nos statuts d’enseignant·es! Et la rémunération des éventuel·les professeur·es des écoles volontaires se ferait « via un mécanisme à venir » qui laisse la FSU très sceptique : rappelons en effet que certain·es PE engagé·es dans le dispositif 6ème Tremplin dans l’Oise n’ont toujours pas été payé·es et qu’iels ne prolongeront pas à l’aventure.
Autre attaque contre le statut des fonctionnaires du service public d’éducation : les Rencontres métier organisées dans l’académie ! L’administration pense-t-elle leurrer les organisations syndicales en francisant le job dating ?
Après Saint-Quentin le 26 janvier 2023, ces rencontres sont prévues à Amiens et Compiègne en mars et juin : la FSU sera au rendez-vous pour dénoncer cette précarisation et ce mépris de nos métiers !
Mépris contenu aussi dans les récents courriers du rectorat, comme dans le discours ministériel, où toutes les autres matières que les mathématiques et le français semblent dispenser des savoirs accessoires, négligeables, surtout la technologie, que Monsieur le recteur fait disparaître de l’enseignement de 6ème en une phrase , en s’affranchissant de tous les textes réglementaires !
Quant aux répercussions psychologiques de cette brutale perte d’heures pour nos collègues, elles sont éludées par une invitation à éviter toute mesure de carte scolaire « dans la mesure du possible » ! Le mépris va encore plus loin quand nous apprenons que nos collègues pourront renforcer les moyens de remplacement dans leur discipline, intervenir dans le cadre de la découverte des métiers en 5ème, dont on ignore encore tout, ou participer à l’heure d’approfondissement en 6ème, mais seulement en fonction de leurs compétences et après avis du chef d’établissement !
Le mépris pour les conditions de travail des personnels et des élèves est profond. Aussi la FSU dénonce également le volume encore trop important d’HSA. Ces heures supplémentaires trop importantes nuisent autant à la qualité du travail des personnels qu’à la réussite scolaire des élèves. En effet, les professeur·es se voient aujourd’hui confronté·es à un dilemme : soit iels acceptent des HSA, et alourdissent leur charge de travail au risque de perdre en efficacité en classe, soit iels se résignent à abandonner des projets dont l’utilité pédagogique a déjà convaincu. Autrement dit : on ne propose plus un projet parce qu’il va faire progresser les élèves mais avant tout parce que les professeur·es concerné·es peuvent absorber les HSA !
La situation est particulièrement inadmissible en SEGPA : 9,5 HSA pour 3 PE et 2 PLP alors que les PE n’ont aucune obligation d’en accepter ! Dans la plupart des cas, ce sont les PLC qui se retrouvent à devoir les absorber, et ce, au détriment des collégien·nes. En effet, dans nombre d’établissements, il est impossible d’absorber toutes les HSA pour les PLC et les moyens ne sont donc pas attribués. Ce sont ainsi les élèves qui sont les premières victimes ! C’est pourquoi, nous demandons à ce que la part d’HSA en SEGPA soit réduite dans tous les établissements dans lesquels les PE et les PLP ne souhaitent pas en prendre plus que celles qui peuvent être imposées. La FSU dénonce d’autant plus ce volume d’HSA, que dans la Somme, choix a été fait de ne pas mettre d’HSA en SEGPA, sauf très rares exceptions !
La FSU rappelle enfin que l’ouverture d’une division doit s’accompagner des moyens réglementaires, soit 29 h. Cela n’a pas été le cas l’an dernier, nous le déplorons et exigeons que cela ne se produise plus. Il en va de la qualité du service public d’éducation dans notre département.
Ce que nous ne déplorons pas en revanche, c’est la réouverture d’une Segpa su Crépy-en-Valois. Après que la fermeture de ce dispositif a été entérinée il y a bientôt 10 ans sur cette commune comme sur Brenouille, il aura fallu la pugnacité de nos camarades de la FCPE de l’Oise et nos interventions conjointes pour que ce secteur délaissé du département retrouve un dispositif détruit comme d’autres sans autre idée que de faire des économies.
Au vu des annonces catastrophiques pour l’ensemble de la carte scolaire et des délais contraints (les documents préparatoires pour le CDEN n’ayant pas encore été transmis), la FSU demande le report du CDEN.
Pour finir, tous les soirs, des dizaines d’enfants (nos élèves) sont à la rue à Beauvais, Creil et Compiègne voire ailleurs. Comptez-vous intervenir auprès des autorités compétentes pour que ce massacre cesse et pour permettre à ces enfants de vivre et construire leur scolarité correctement ?