Déclaration préalable de la FSU au CTPD du 25 février 2008
Une rentrée scolaire 2008 encore dégradée
La FSU Oise dénonce les conditions dans lesquelles se déroule la préparation de cette rentrée 2008 ainsi que les régressions qu’elle va entraîner pour le service public national et laïque d’éducation.
Depuis le CTPD du 21 septembre 2007, les annonces et les décisions gouvernementales sur l’école ont continué à un rythme effréné et vont à l’encontre d’une école de la réussite de tous ! Elles se traduisent par :
Moins de service public avec la suppression de 11200 postes dans l’éducation nationale et la baisse du nombre de postes aux concours à la rentrée 2008 ; avec la systématisation de la mise en concurrence des collègues (l’évaluation des enseignants en fonction des résultats des élèves et salaire au mérite) ; de la mise en concurrence des écoles et des établissements (suppression des périmètres scolaires, les résultats des écoles rendus publics, les EPEP, l’autonomie des établissements …) ; de la mise en concurrence du service public avec l’enseignement privé (circulaire d’application sur le financement du privé ; plan banlieue et ouvertures d’écoles privées financées par les crédits de l’Éducation nationale).
Moins d’école par la réduction du temps scolaire obligatoire (samedi matin dans le primaire), la refonte des filières (réduction des BEP au profit des bacs pro en 3 ans) et des programmes (exit l’Histoire Géographie en primaire puis en collège ?). Dans ce contexte, quelle ambition éducative pour tous et quelle prise en charge des élèves en difficultés scolaires ?
Moins pour les personnels avec l’entrave à l’exercice du droit de grève que constitue le service d’accueil municipal ; avec le refus de prise en compte des légitimes revendications salariales (exprimées lors des grèves du 20 novembre et du 24 janvier) ; avec le marché de dupes du travailler plus pour gagner plus ; avec le refus de répondre aux besoins de concertation et de créations de postes, renforçant ainsi le recours à l’emploi précaire.
Les dernières annonces en date : l’injonction du président de la République imposant un devoir de mémoire concernant la Shoah, au-delà des réserves émises par les pédopsychiatres, par les syndicats enseignants, par la fondation pour la mémoire de la Shoah, l’imposition d’une notion bien étroite de la morale à l’école primaire qui fleure bon le passéisme, interrogent sur la caractérisation d’un régime où le chef de l’état décide lui-même du contenu des programmes scolaires…
Toutes ces mesures remettent en question le caractère national et public de l’école et vont se traduire par des régressions pour les usagers du service public, en particulier dans notre académie, à nouveau lourdement ponctionnée. Lors du Comité Technique Paritaire Académique, le Rectorat a confirmé la dotation « symbolique » de 4 postes dans le premier degré (2 pour l’Oise) et la suppression de 403 emplois d’enseignants, 31 postes administratifs, 19 postes de surveillants dans le second degré qui a déjà perdu environ 1200 emplois entre 2002 et 2007. Ce sont ainsi 81 postes d’enseignants qui vont être supprimés dans les seize lycées que compte le département de l’Oise.
A l’exclusion du Lycée Jean-Monnet de Crépy, pour lequel le Rectorat prévoit une hausse des effectifs de l’ordre d’une trentaine d’élèves, tous les établissements vont perdre des postes. Certains vont même être ponctionnés de façon considérable : 13,5 postes au Lycée Jules-Uhry de Creil, 11 au Lycée Pierre d’Ailly de Compiègne, 8,5 au Lycée Marie-Curie de Nogent, 7 au Lycée Jean-Rostand de Chantilly…
En ce qui concerne les SEGPA, vous prévoyez cinq élèves supplémentaires et pourtant, vous fermez l’équivalent de quatre postes.
En l’état actuel, on ne voit pas comment ces coupes claires pourraient ne pas s’accompagner de suppression d’options, de fermetures de formations et de classes.
La FSU Oise tient à protester solennellement contre les conditions de préparation de la rentrée 2008 dans le département. Le report imposé des opérations de carte scolaire pour des raisons électoralistes risquait de se traduire par une « préparation » la rentrée 2008 dans les collèges de l’Oise sans consultation des représentants des personnels, c’est-à-dire par la consultation des Conseils d’Administration des collèges sur la DGH avant même que le CTPD ne soit consulté. Suite à notre intervention, vous avez décidé d’avancer la date du Comité Technique Paritaire Départemental, dont acte, ce qui aurait dû permettre un déroulement plus logique et plus respectueux des instances paritaires. Cependant, nous remarquons que pour la deuxième année consécutive, le CDEN de l’Oise se réunira une fois prises les décisions relatives à la préparation de la rentrée 2008 dans le second degré…Quelle prise en compte dans ce cas des observations des partenaires de l’école que sont les parents d’élèves, les collectivités…
D’autre part, la mise à disposition tardive des documents aux membres du CTPD deux jours avant les vacances, a entravé le rôle des représentants des personnels en empêchant toute véritable consultation des personnels dans les établissements.
S’agissait-il de masquer la cinquantaine de suppression de postes que vont subir les collèges du département ?
Dans les documents de l’administration concernant les collèges, l’ampleur des fermetures est minimisée par un artifice qui consiste à ne pas considérer comme des retraits d’emplois les heures postes transformées en heures supplémentaires. Car, si les documents ne font apparaître « que » 164 heures de moins dans l’ensemble du département, soit à peine plus de 9 postes, ce sont en réalité l’équivalent de 47 postes qui vont être supprimés à la rentrée 2008. En effet, le ministère a décidé la transformation d’un certain nombre de postes en heures supplémentaires. Ainsi, les établissements qui perdent des postes se voient attribuer « pour compenser » des heures supplémentaires, qui ne feront qu’alourdir la charge de travail des collègues, à supposer d’ailleurs qu’il y ait des volontaires pour les assurer !
La FSU Oise constate que les données réelles de cette rentrée vont conduire à une dégradation des conditions de travail des personnels, qui ne pourront qu’avoir des répercussions sur les élèves, notamment dans les établissements qui accueillent les élèves les plus fragiles.
C¹est d’autant plus vrai que les établissements les plus touchés sont les établissements ZEP et Ambition réussite : -2,9 à Gabriel Havez (Creil), -2,5 à Charles Fauqueux (Beauvais), au Thelle (Méru), à Mouy, -2 postes à Henri Baumont (Beauvais), Denain et Malraux (Compiègne), -1,9 à Eluard (Noyon),-1,7 à Montataire, -1,6 à Berthelot (Nogent), -1,5 à Pasteur (Noyon) et à Villers Saint Paul. -1 à Rousseau (Creil), -0,5 à Pierre Mendès-France (Méru) soit, au final, plus de 25 postes supprimés dans les ZEP !
Le seul établissement ZEP à ne pas perdre de poste est le Collège Herriot de Nogent, pour lequel l’Inspection Académique avait commis une lourde erreur de prévision des effectifs l’an dernier, erreur que, malgré les nombreuses mises en garde, elle n’avait accepté de reconnaître que pendant l¹été !
Et cette année, le prétexte de transferts de moyens aux établissements “qui en ont besoin” sera inopérant car les postes d’enseignants “référents” (en établissement “ambition réussite”) et les UPI (structures destinées à l’accueil des élèves handicapés) seront aussi ponctionnés. De plus, les établissements qui auront perdu des élèves suite au prétendu assouplissement de la carte scolaire n’ont aucune garantie du maintien de leur dotation.
Nos inquiétudes sont renforcées par les manques de postes statutaires, tant administratifs que dans l’encadrement éducatif et dans la vie scolaire, le recours massif aux emplois précaires ne répondant aucunement aux conditions nécessaires à la réussite de tous.
Ce sont pourtant ces quartiers en difficultés sociales qui connaissent le plus fort taux de jeunes qui décrochent et qui quittent l’école sans qualification. C’est dans les premières années de la scolarité que l’écart se creuse et c’est donc là, à la base, qu’il faudrait agir pour améliorer le niveau de tous. Et non au sommet pour conserver les meilleurs dans des filières et des classes d’excellence, qui ajoutent aux formes de relégation externes à l’établissement une dernière discrimination interne ou en les exfiltrant soit dans d’autres établissements publics mieux lotis, soit dans les établissements privés du plan banlieue, ce qui accentuera ces discriminations en écrémant davantage les classes des établissements du quartier.
La FSU Oise appelle les collègues à refuser une logique qui consiste à supprimer des postes pour créer des heures supplémentaires, et donc à voter contre les DGH dans les établissements concernés et à organiser dès maintenant le refus collectif des heures supplémentaires à la rentrée prochaine.
Elle soutiendra toutes les actions locales qui iront en ce sens, ainsi que les initiatives qui seront prises par ses syndicats, avec éventuellement les autres organisations syndicales, ainsi que les parents d’élèves.