Déclaration préalable de la FSU au CDEN du 26 octobre 2012.
Il paraît difficile d’aborder la question de la rentrée scolaires 2012 dans notre département sans évoquer un contexte général de crise marqué au plan économique par des choix d’austérité budgétaire. L’application du TSCG (traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance) va aggraver les conditions de vie des salariés, des jeunes, des chômeurs de plus en plus nombreux, des retraités. Ce traité aura des conséquences lourdes pour l’emploi, le pouvoir d’achat et les services publics. C’est pourquoi la FSU s’est opposée à sa ratification et mène campagne pour des politiques alternatives en Europe.
En France, si certaines mesures fiscales du projet de Loi de finances 2013 vont dans le bon sens, le gouvernement doit aller plus loin pour sortir de la logique de réduction des dépenses publiques. Il doit réellement mettre fin à la RGPP et les annonces de créations d’emplois dans les secteurs prioritaires (Éducation, justice, sécurité) ne sauraient masquer les suppressions d’emplois dans les autres ministères.
Au moment où s’ouvre la concertation sur la décentralisation, la FSU rappelle que pour elle, l’État doit être en capacité d’accomplir ses missions pour répondre aux besoins des usagers. Il doit donc garantir les moyens humains et financiers nécessaires pour assurer une véritable égalité d’accès aux services publics sur tout le territoire. En matière d’éducation, de formation professionnelle et d’orientation, la FSU reste opposée à tout nouveau transfert de compétences entre l’État et les collectivités territoriales. En tant qu’employeur, l’état doit mieux traiter les personnels notamment en termes d’emploi et de salaires…
La FSU regrette que les personnels n’aient pas été mieux associés à la concertation pour la refondation de l’école. La Loi d’orientation doit revenir sur des réformes mises en œuvre par la loi de 2005 comme la formation des enseignants, la réforme des lycées, les programmes. La loi devra réaffirmer le rôle primordial du service public d’éducation de la formation initiale sous statut scolaire dans le double objectif d’élever le niveau de qualification des tous les jeunes et de faire baisser significativement le nombre de sorties sans diplômes. Les mesures engagées dans la Loi devront être inscrites dans la durée et être garanties comme l’a laissé entendre Le Président de la République en évoquant l’idée d’un budget « sanctuarisé » pendant le quinquennat.
Il faudra renouer avec la priorité à l’éducation, dés l’école maternelle avec la réhabilitation de la scolarisation des moins de 3 ans, l’instauration de plus de maitres que de classes, le rétablissement des aides spécialisées. Cette priorité ne saurait se réaliser au détriment des autres niveaux d’enseignement, de la cohérence d’ensemble de notre système éducatif : école/collège/lycée/enseignement supérieur. Ainsi l’articulation 1er et 2d degré ne peut se concevoir dans le cadre « d’une école du socle ».
La FSU rappelle qu’elle demande l’abandon de l’actuel LPC et refuse l’idée de pilotage par des conseils pédagogiques inter-cycles. Il faudra donc ouvrir aussi les chantiers nécessaires dans le second degré. Car la réussite des jeunes suppose d’organiser un système scolaire le plus commun possible et le plus long possible ; elle suppose également d’attribuer les moyens permettant de diversifier les situations d’apprentissage et d’accueillir dans les meilleures conditions d’étude les élèves d’un second degré marqué par une augmentation de la démographie dans les années qui viennent.
Au niveau de l’éducation prioritaire, une politique ambitieuse doit être menée. Il est indispensable dans certains secteurs de plus en plus ghettoïsés de recréer de la mixité sociale. La FSU demande la suppression du dispositif ECLAIR …
Concernant les annonces sur le recrutement des PE aux concours 2013, l’organisation d’un 2ème concours de PE en juin, si elle est permet augmenter artificiellement le volume de recrutement d’enseignants, nous inquiète. En effet, ces enseignants seront recrutés sous contrat donc précarisés. Ce sont des postes de PE stagiaires qu’il nous faut, pas de personnels précaires supplémentaires là où notre ministère excelle déjà. De plus, de fortes inquiétudes planent sur le vivier d’étudiants qui viendra alimenter les deux concours. Pour le développer, la mise en place de pré-recrutements est indispensable. En tout état de cause, ce ne sont pas les emplois avenirs professeurs qui permettront de répondre à cette exigence.
La formation des enseignants est en première ligne. Les annonces du ministre sur la place du concours et sur les ESPE « accrédités » pour 5 ans, avant l’ouverture de réelles concertations bilatérales avec les organisations syndicales, suscitent interrogations et inquiétudes. La FSU, principale force de l’éducation, exige que soient prises en compte ses revendications : formation intégrée, liant disciplinaire et professionnel, adossée à la recherche, stages assurant une véritable formation, pré recrutements, concours rénovés, ESPE véritable structure universitaire pérenne ayant mission de formation et de recherche, intégrant les actuels personnels d’IUFM….
Au sujet des rythmes scolaires, la question n’est pas « plus » ou « moins » d’école mais « mieux d’école ». Il ne s’agit pas non plus de faire glisser sur le temps périscolaire des enseignements qui doivent rester des domaines d’enseignement ou des disciplines scolaires (enseignements artistiques, EPS, …). Il ne s’agit pas non plus de créer de nouvelles inégalités en matière d’offre éducative en faisant porter son coût sur les collectivités, ou sur les parents. Les premières propositions du ministre, qui aboutissent à faire passer le service des enseignants à 25 heures de service en classe entière contre 24 aujourd’hui auxquelles s’ajoute l’aide personnalisée, est inacceptable. La FSU veillera à ce que soit amélioré les conditions de vie personnelle et de travail des enseignants. Alors que les enseignants des écoles devront travailler une demi-journée supplémentaire, elle portera l’exigence d’un allègement des services et d’une revalorisation salariale.
La réussite de tous les jeunes passe aussi par une refondation de l’éducation prioritaire. Les négociations devront permettre d’avancer (redéfinition de la cartographie, temps, travail en équipe, effectifs…). L’abandon d’un label est problématique. Elle conduirait de plus à la disparition du cadrage national des indemnités ou avantages qui y sont aujourd’hui attachés, à une concentration sur un très petit nombre d’établissements.
Le gouvernement vient de répondre favorablement à la demande des organisations syndicales, des associations de rouvrir le dossier de la professionnalisation des AVS. La FSU participera au groupe de travail et y portera la volonté de sortir enfin les 20.000 personnels concernés de la précarité, condition d’un accompagnement de qualité pour une scolarisation réussie des élèves en situation de handicap.
Les questions concernant les personnels non enseignants du système éducatif restent trop absentes aujourd’hui des mesures gouvernementales. Or, ces personnels jouent un rôle fondamental dans la prise en charge des jeunes, en particulier ceux qui rencontrent des difficultés quelles soient scolaires, sociales ou de santé et il convient de reconnaître et renforcer le rôle et les missions de tous les personnels. C’est pourquoi la FSU réaffirme comme prioritaire sa revendication de renforcement des équipes pluri-professionnelles, à travers la création massive de postes d’assistantes sociales à l’Éducation nationale. La FSU n’est pas favorable au recrutement des agents de prévention et de sécurité. La FSU réaffirme son attachement à des missions pour les infirmières, ancrées dans les établissements du second degré au sein des équipes éducatives et pédagogiques. La FSU ne pourra accepter que la gouvernance de la Santé à l’École soit confiée à un autre ministère car elle est intimement convaincue que la santé des élèves est un préalable à la réussite scolaire.
De même, la bonne organisation du système éducatif et son fonctionnement nécessitent également que les missions de l’administration de l’Éducation nationale soient confortées et nécessitent donc des créations de postes indispensables qui ne sont pas prévues pour la rentrée 2013.
La situation des sans papiers est une préoccupation constante de la FSU qui poursuit son engagement au sein de RESF. Notre fédération demande un moratoire sur les expulsions et continue de porter la régularisation de tous les sans papiers et la sortie des problématiques migratoires du ministère de l’intérieur.
La situation économique, les conséquences des décisions budgétaires vont justifier la remobilisation, l’intervention des salariés, des chômeurs, des retraités dans le secteur public comme dans le secteur privé. La FSU continuera de rechercher les convergences les plus unitaires possibles pour organiser l’intervention des personnels afin de peser sur les décisions à venir, dans tous les secteurs.