Vous trouverez, ci-dessous, la déclaration préalable de la FSU au CDEN du 8 mars 2013.

Déclaration préalable de la FSU au CDEN du 08 mars 2013

La refondation de l’école a été annoncée comme une priorité de ce gouvernement. Cela nécessite de définir les objectifs qu’on assigne au système éducatif et les moyens dont on se dote pour atteindre ces objectifs. Pour la FSU, cette ambition éducative doit permettre à chacun de se construire et de prendre sa place, à égalité, dans la société. Cependant, de profondes disparités caractérisent la société et porter une ambition pour tous, c’est prendre en compte cette réalité pour mieux la dépasser.

Ce contexte inégalitaire pèse fortement sur l’école. Les choix politiques et éducatifs de ces dernières années ont renforcé le poids du déterminisme social dans les parcours scolaires. Nous sommes maintes fois intervenus, dans cette instance notamment, pour dénoncer les mauvais coups portés à l’école.

Une refondation, c’est construire de nouvelles bases et porter une ambition nouvelle pour l’école et pour nos élèves, particulièrement pour les plus fragiles.
Cette refondation serait en cours. Or, nous ne mesurons pas cette dimension dans les choix éducatifs de la loi de refondation de l’école, ni dans le projet départemental qui en découle.

En effet, encore une fois, cette année, la carte scolaire est caractérisée par l’importance des redéploiements, par le manque de soutien aux secteurs en difficultés et par le manque d’accompagnement des secteurs en évolutions d’effectifs, notamment dans les collèges

Dans le premier degré, le volume des fermetures et le manque d’ouvertures de classes pourtant indispensables rappellent la rentrée précédente, marquée par la fermeture de 57 postes pour 49 élèves de moins. Le réseau scolaire, les RASED, les ESAP, les décharges exceptionnelles de direction, les conseillers pédagogiques, les postes de mise à disposition du secteur médico-social avaient été ponctionnés. A la rentrée 2013, il est prévu 295 élèves de plus à scolariser. Ce sont 59 fermetures pour 20 ouvertures (et 23 ouvertures conditionnelles) qui sont prévues et ce malgré une dotation positive de 61 postes.
Car cette dotation, censée soutenir le réseau scolaire dont les effectifs scolarisés augmentent, devra aussi assurer
"-" le recrutement et le rétablissement de la formation initiale pour les étudiants candidats au CRPE 2013/2 (concours 2014 anticipé) et qui seront contractuels à la rentrée,

"-" le remplacement des collègues stagiaires durant leur temps de formation par la brigade de formation continue,
"-" la scolarisation des moins de 3 ans,
"-" le plus de maîtres que de classe.

C’est donc le réseau scolaire qui sera une nouvelle fois ponctionné pour assurer ces priorités en grande partie non financées. Le manque d’une politique volontariste en faveur des secteurs en difficultés et des élèves fragilisés perdure. La baisse significative des effectifs moyens par classe en éducation prioritaire n’est pas à l’ordre du jour, alors qu’il s’agit d’un levier essentiel. Ainsi, dans l’Oise, en éducation prioritaire, les effectifs moyens par classe augmentent et la barre des 25 voire des 26 élèves par classe est franchie après fermeture. Hors éducation prioritaire, ce sont les 28 élèves qui sont atteint après fermeture.

Concernant le plus de maîtres que de classe, nous assistons à un redéploiement et un ré étiquetage des postes d’ESAP, et les 12 créations de postes prévus à la rentrée 2013 sont à rapprocher des 4,5 postes fermés à la rentrée 2012. Ainsi, des écoles en éducation prioritaire sont victimes d’une double peine : elles subissent une fermeture de classe et risquent de perdre le soutien pédagogique de l’ESAP qui intervenait jusqu’à présent.

Concernant la scolarisation des enfants de moins de 3 ans, dont le taux est historiquement bas dans l’oise, trois créations de postes sont annoncées alors que neuf non fermetures (dont 5 en éducation prioritaire, un des secteurs pourtant prioritaire pour cette scolarisation) sont présentées comme des mesures nouvelles. Il ne s’agit somme toute que de prendre en compte l’existant. Cette scolarisation réclame un cadre favorable, des moyens et se heurte à des problèmes de capacités d’accueils ou de conditions matérielles.
Dans l’Oise, la scolarisation des moins de 3 ans en éducation prioritaire nécessiterait la création de 30 postes d’enseignants (plus de 500 élèves à scolariser, cf compte rendu du CDEN du 26 octobre 2012).
Dans les secteurs ruraux en difficultés, nous nous heurtons aux mêmes problèmes de conditions d’accueil. La pratique départementale doit évoluer et prendre en compte les moins de 3 ans dans les effectifs scolarisés.

Concernant le soutien aux élèves en difficulté scolaire, ce n’est pas en niant la réalité des ces élèves et la nécessité d’aides spécialisés assurées par des maîtres formés qu’on luttera contre l’échec scolaire. Les APE, mêmes renommés APC, ont démontré leur inefficacité. Depuis la rentrée scolaire 2009, ce sont plus de 70 postes dans les RASED de l’Oise qui ont été supprimés. Aucun départ en stage de formation dans les options E et G n’est prévu à la rentrée 2013 alors que des collègues sont volontaires.

Dans le second degré, les collèges sont confrontés en 2013 à une rentrée qui sera une CHATEL bis. C’est une nouvelle dégradation qui s’annonce. Avec 408 élèves de plus, seuls 22 ETP sont crées ce qui se traduira par une baisse du nombre d’heures par élèves. Nous sommes inquiets sur le devenir des SEGPA dont les moyens seront en baisse. La rentrée 2013 se fera donc dans les collèges de l’Oise avec des classes plus chargées encore. On tend dangereusement vers les maxima d’élèves par classe. Les conditions de travail et d’étude seront une nouvelle fois dégradées dans de nombreux établissements.

Comment afficher une refondation alors que des choix du ministère précédent, que nous avons dénoncés, sont confirmés. Sur la forme, faisant suite à une mascarade de consultation des personnels, la primeur du projet de loi sur la refondation de l’école est donnée aux médias témoignant ainsi d’une opération de « com » avant tout. Sur le fond, la refondation de l’école se réduit à un bricolage des rythmes et témoigne de renoncements multiples par l’augmentation des taux d’encadrement dans le péri scolaire, la gratuité non garantie de l’accueil péri scolaire, la prise en compte des intérêts des professionnels du tourisme et des contingences des collectivités locales. Tout ceci se fait au mépris de l’avis des personnels et des enseignants et au final sans réelle amélioration notable du temps de l’élève.

Nous ne constatons aucune rupture concernant
"-" la mise en concurrence du service public d’éducation avec l’enseignement privé : la loi Carle est toujours d’actualité. L’enseignement privé, favorisé par la parité de financement malgré une disparité de devoirs n’est pas soumis à la réforme des rythmes, mais exige d’avoir accès au financement afférent,
"-" la logique de l’école du socle : le maintien du LPC, des programmes de 2008, de l’aide personnalisée au détriment des RASED,

"-" la réforme des enseignements technologiques et professionnels dont nous demandons la révision,
"-" la lutte contre la constitution de ghettos scolaires avec les effets pervers et dénoncés de l’assouplissement de la carte scolaire.

Comment permettre une refondation sans engager résolument la lutte contre le déterminisme social et scolaire générateur d’inégalités ? La reconquête d’une mixité scolaire est indispensable alors que toutes ces dispositions vont à l’encontre de cet objectif. En effet, la réforme des rythmes scolaires va générer des inégalités territoriales importantes dans un contexte où l’État central, à travers le projet de loi sur la décentralisation, engage un affaiblissement des politiques publiques.

Le gouvernement est confronté à des mobilisations qui touchent le secteur de l’éducation. La refondation de l’école doit être repensée et réécrite. À cette occasion, nous réaffirmons qu’une réforme touchant à l’École ne peut se faire contre les enseignants ni sans eux. En l’état, nous nous prononçons pour l’abandon du projet de loi PEILLON et du décret sur les rythmes scolaires, qui en est la première déclinaison. Nous refusons les conséquences sociales de la politique d’austérité pénalisant les enfants, les jeunes et les salariés.

Afin de permettre la nécessaire démocratisation du système éducatif, et dans la continuité des actions des 23, 31 janvier et 12 février, la FSU appelle tous les personnels et les partenaires de l’école à se mobiliser pour défendre un projet éducatif ambitieux et à participer à la manifestation nationale pour l’éducation à Paris le samedi 6 avril prochain.

Pour conclure, la FSU souhaite attirer l’attention de Mr le Préfet sur la situation du jeune Valode ARUTUNIAN, qui vient d’être libéré du CRA de Lyon. Ce jeune doit pouvoir poursuivre sa formation et nous demandons que sa situation soit réexaminée en vue de la délivrance d’un titre de séjour. Plus généralement, nous attirons l’attention des autorités sur la situation faite à ces jeunes migrants ballotés entre placement en centre de rétention et menace d’expulsion, et sur les répercussions importantes et dommageables que cela peut avoir pour eux.