Déclaration préalable de la FSU au CTPD du 21 septembre 2007.
Une rentrée scolaire sous tension.
Cette rentrée scolaire s’est faite accompagnée d’une rafale d’annonces de la part du gouvernement avec, en moins d’une semaine, le rapport HCE qui vise à discréditer la capacité de l’école publique à assumer ses missions, la « lettre aux éducateurs » qui annonce une refondation libérale de l’école, et entre les deux, la publication de la circulaire d’application sur le financement du privé, la relance du décret EPEP, des annonces sur la maternelle, les rythmes scolaires, l’enterrement du collège unique… Les suppressions de postes prévues à la rentrée 2008 (moins 22700 fonctionnaires dont 11200 dans l’éducation nationale) pèsent fortement sur le climat de cette rentrée.
Cette campagne médiatique devait permettre de justifier aux yeux de l’opinion l’idée selon laquelle le service public d’éducation coûte trop cher par rapport à ses résultats et qu’il ne sert à rien de dépenser autant. Cette approche purement comptable asphyxie les services publics dont celui de l’éducation au risque de dénaturer ses missions au profit d’une redistribution vers les plus riches : il faut bien financer les cadeaux fiscaux. Pourtant, un sondage CSA semble montrer que les Français ont confiance dans le service public d’éducation : 71% des Français considèrent que l’école élémentaire fonctionne "bien" et ils sont 84% à penser que c’est aussi le cas pour l’école maternelle. Pour 60% des sondés, "baisser le nombre d’élèves par classe" est ce sur quoi il faut "mettre l’accent en priorité dans les années qui viennent". Pour 53%, c’est plutôt "assurer un suivi individualisé des élèves en difficulté".
C’est dans ce contexte que le ministre de l’éducation nationale met en œuvre une batterie de réformes structurelles et pédagogiques :
Les réformes structurelles
L’autonomie des établissements va entraîner des choix et la disparition d’options (craintes sur le sport, les arts plastiques) et dans le premier degré, la constitution des EPEP sous entend la mise en place d’un statut des directeurs d’écoles, ce que la FSU refuse.
L’assouplissement des périmètres scolaires et leurs disparitions à terme met en musique territoriale cette réorganisation spatiale qui va renforcer les inégalités (ghettoïsation) et favoriser la mise en concurrence des établissements…
La formation des enseignants est victime de la pénurie budgétaire : la formation initiale différée des PE après la titularisation n’est pas garantie car elle dépend des moyen de remplacement (il y a eu difficultés l’année dernière) et permet le recours à l’utilisation des stagiaires comme moyens d’enseignements.
L’application « bases élèves » pose, au-delà de nombreuses oppositions (LDH, FCPE ;), des problèmes de non respect de la confidentialité et pas seulement dans l’Oise. La CNIL s’est prononcée sur cet aspect. Ce dispositif reste toujours pour nous extrêmement dangereux au niveau des libertés individuelles et publiques et nous nous interrogeons sur la fiabilité et l’efficacité technique au niveau des prévisions d’effectifs. Au delà des dangers éthiques, elle n’est ni un outil efficace pour l’administration, ni pour les collègues.
Les réformes pédagogiques
Elles sont animées par une vision conservatrice des apprentissages qui se manifeste par une référence constante à l’opinion publique qui serait la boussole à suivre.
Le socle commun va favoriser la mise en place d’une école à plusieurs vitesses et institue au détriment de programmes précis, la définition d’orientations qui s’inscrivent dans des domaines nationaux.
L’exemple du sport est significatif : il n’est plus appréhendé comme une discipline mais se retrouve dilué dans le socle commun.
L’accompagnement éducatif fait peser le risque que l’enseignement de certaines matières soit confié à des personnels qui n’interviendront plus dans le cadre de l’éducation nationale (le sport par exemple…). Se pose également le problème du financement dont celui des transports, des heures supplémentaires.
Cet accompagnement est réservé aux élèves volontaires et donc peut ne pas toucher les élèves en difficultés qui sont en rupture et ce dispositif est à mettre en relation avec la prise en charge dans l’emploi du temps scolaire obligatoire de la grande difficulté scolaire.
Cet accompagnement éducatif existait déjà en partie dans les établissements en ZEP et ce nouveau dispositif ne doit pas venir concurrencer ce qui a été mis en place par les équipes.
A terme, on risque de réduire le temps d’enseignement remplacé par des heures supplémentaires pour gagner plus et c’est la seule perspective d’amélioration du pouvoir d’achat donnée aux personnels.
Ces choix politiques et budgétaires se traduisent par des suppressions de postes (non remplacement d’un fonctionnaire sur trois puis sur deux partant à la retraite ; baisse du nombre de postes aux concours) et accélèrent la dégradation des conditions d’enseignement pour nos élèves et pour les personnels.
Pour les personnels, la traduction de cette politique, dans l’Oise, c’est une suppression de postes d’enseignants pour une baisse de 2,3 élèves en collège et en primaire, c’est une création pour 269 élèves en plus ! Dans cette situation difficile, l’Oise est amenée a faire appel à la liste complémentaire et déjà 45 recrutements ont été effectués (12 pour la Somme et 45 pour l’Aisne ) et ces recrutements ne seront certainement pas suffisant. En collège, de forts écarts à la hausse (Pont St Maxence +34 élèves ; Nogent Herriot +59 ; et Chantilly +65) et à la baisse (Nogent Berthelot et Creil Michelet) indiquent des erreurs inhabituelles de l’ordre d’une division, voire de deux ce qui met ces établissements en difficultés et entraînent une désorganisation avec des TZR nommés deux jours après la rentrée sur des services partagés. L’inquiétude sur le devenir des segpa est réelle alors que les effectifs peuvent atteindre 21 élèves par division.
La précarité est aussi d’actualité : les contrats aidés prennent de plus en plus d’ampleur : dans certains collèges ; il y a plus de CAE que de personnels titulaires avec des contrats de plus en plus précaires reconduit de six mois en six mois : la vie administrative et scolaire, l’accompagnement éducatif sont concernés par cette précarité. Cette précarité est également présente dans le premier degré sur des missions telles que l’aide à la direction d’école ; les nouvelles technologies et l’accompagnement des élèves en situation de handicap. La FSU rappelle sa revendication de titularisation de ces collègues par la création de postes statutaires de la fonction publique sur ces missions.