Depuis plusieurs années, de la maternelle à l’Université, le fonctionnement de l’école a été profondément détérioré dans un contexte de désengagement de l’état en matière de services publics et de casse des solidarités.

Il a été question successivement de dégraisser le mammouth, puis après la graisse, de s’attaquer à la chair, puis à l’os et maintenant, c’est sur la moelle, que d’aucun qualifia de substantifique, que l’on s’acharne.

Car c’est bien la substance du service public qui est attaquée.

Depuis 2005, les suppressions de postes d’enseignants se chiffrent à 70500 alors que les effectifs d’élèves ont augmenté sur la même période de 172 400 élèves (de 10 084 800 R 2005 à 10 290 000 R 2011), ce qui place la France en termes d’encadrement dans les plus mauvais élèves des pays de l’OCDE. Avec un taux d’encadrement de 5 enseignants pour 100 élèves à l’école primaire, selon des chiffres de 2007, la France occupe même le dernier rang des pays classés… Par ailleurs, les chiffres de l’OCDE montrent que le salaire des enseignants français est parmi les plus faibles, de même que la dépense d’éducation par élève du primaire. Ces chiffres viennent confirmer les constats établis en mai dernier par la Cour des comptes qui parlait d’une sous dotation de 15 % pour l’école primaire, de 5 % pour l’école maternelle par rapport aux pays comparables.

Atteindre le niveau moyen des pays de l’OCDE reviendrait à la création de 37 000 postes d’enseignants dans les écoles.

Cette dégradation continuelle est tellement bien intégrée par le ministre Luc Chatel, que ce dernier a affirmé, dans un entretien accordé au Figaro, que les proviseurs peuvent recruter des remplaçants par Pôle emploi en cas d’absentéisme. Vous-même envisagez le recours à des contractuels en lieu et place des remplaçants titulaires qui occuperont les postes vacants à la rentrée prochaine.

Monsieur Georges TRON, secrétaire d’Etat à la Fonction publique, préconisait récemment, la fin, après 2012, de la règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Il précise que « si l’on prend en compte l’ensemble des coûts sur une vie professionnelle (carrière et retraite), la suppression de 130 000 agents entre 2007 et 2012 correspond à 170 milliards d’euros d’économies d’ici à soixante ans, ce qui peut expliquer un contexte certain de tensions parmi les fonctionnaires, en particulier sur les questions de retraites et de salaires ».

À la rentrée 2011, le nombre d’élèves scolarisés en collège dans l’académie augmente de 1763 (dont + 577dans l’Oise ) et la dotation globale sera de moins 10 postes. Concernant le premier degré, les évolutions chaque année positives des effectifs scolarisés dans l’Oise ne se sont pas traduites par les créations de postes en conséquence (2007 : 84286 ; 2008 : 84472 ; 2009 : 84862 ; 2010 : 85385 ; 2011 : 85730). Au contraire, la dotation de la rentrée 2011 sera négative : moins 11 postes pour 345 élèves de plus, ce qui conduit une fois de plus à la dégradation du P/E et à l’augmentation du nombre d’élèves par classe (de 23,32 en 2007 à 24,12 en 2011).

Vos choix en matière de carte scolaire vont une nouvelle fois porter atteinte à la scolarisation précoce en maternelle, à la prise en charge des élèves en difficultés, au remplacement des maîtres et à la formation des enseignants.

Le calendrier des opérations de carte scolaire de plus en plus étiré dans le temps, et même cette année reporté au-delà des opérations électorales, nous interroge sur la volonté de masquer la réalité des mesures et d’empêcher des mobilisations sur ces questions très sensibles.

En plus des suppressions massives de postes, le Ministère met en œuvre des réformes structurelles profondes qui visent à modifier la nature de l’ École et les missions des fonctionnaires qui la servent. Tel le dispositif Eclair, dont la vocation est de se substituer à l’ensemble des dispositifs de l’ Éducation Prioritaire, et qui déréglemente complètement la gestion des personnels. On assiste à un rétrécissement du périmètre de l’EP, l’essentiel des moyens se concentrant sur quelques établissements au détriment d’une vraie politique ambitieuse de lutte contre tous les échecs scolaires.

Thélème, auquel nous faisions référence au début de cette déclaration, nous rappelle l’importance de l’éducation pour l’évolution de l’homme et de la société : une éducation ouverte et diversifiée, permettant l’affirmation de soi. Mais à l’inverse d’un Thélème élitiste, il nous faut retrouver une ambition collective pour chacun et pour tous.



En conséquence, dans la continuité des mobilisations des 22 janvier, 10 février et 19 mars, la FSU appelle les enseignants et les parents à se rassembler le 18 mai prochain devant le ministère pour lui faire entendre que « l’école au régime sec, ça suffit ». Des délégations de chaque département rappelleront de vive voix qu’il est urgent de redonner les moyens à l’école.