Comité technique paritaire départemental du 03 février 2009

Déclaration préalable de la FSU

Les choix budgétaires de suppressions massives de postes à la rentrée 2009 vont aggraver la situation de notre académie qui connaît des difficultés. Pour la rentrée 2009, l’académie se voit à nouveau ponctionnée de plus de 400 postes, tous personnels confondus. Dans ce contexte, le 1er degré voit sa dotation augmenter symboliquement de 4 postes pour 172 élèves mais ce sont 113 postes qui vont disparaître : 100 au titre des maîtres spécialisés en RASED et 17 au titre des mis à disposition.

Pour le département de l’Oise, le 1er degré se voit doter de 11 postes au titre de l’évolution des effectifs scolarisés (+ 284 R 2009) et du rééquilibrage intra académique. Cependant le département doit rendre 46 supports budgétaires (40 au titre des RASED et 6 au titre des mises à disposition). La prise en charge des élèves en difficultés lourdes et durables et la scolarisation des moins de 3 ans vont faire les frais des cadrages budgétaires nationaux aggravés par des choix départementaux que nous dénonçons.

La scolarisation des moins de trois ans en école maternelle va connaître un nouveau recul. Pourtant cette scolarisation dont « il n’est pas question de remettre en question les conditions dans lesquelles celle-ci s’effectue actuellement » (propos du ministre extraits d’une lettre adressée au SNUipp-FSU) » et dont la priorité est fort justement réaffirmée dans le contrat d’objectifs académique 2007-2010 en éducation prioritaire et en milieu rural défavorisé, Cette scolarisation fait non seulement les frais d’une évolution démographique non accompagnée par des créations de postes suffisantes Exemples dans l’Oise :

R 2002, il y avait 11032 moins de 3 ans, dont 1963 étaient scolarisés soit 17,8%.

R 2008 : 11244 moins de 3 ans dont 981 scolarisés soit 8,7%. La scolarisation des tout petits est victime d’une posture départementale de non comptabilisation des moins de trois ans (hormis en éducation prioritaire) qui entraîne un véritable recul de cette scolarisation, notamment dans des secteurs où elle est historiquement une réalité. L’école maternelle est particulièrement visée par les redéploiements de postes puisque sur les 4O mesures de fermetures, 17 concerneraient des classes en école maternelle, parce que ces écoles ne peuvent plus accueillir des TPS, victimes de votre politique départementale d’exclusion, en contradiction avec ce qu’indique le ministre.

Les programmes et les objectifs de cette école, aussi fondamentaux que l’acquisition du langage oral « social » indispensable pour entrer dans les apprentissages ainsi que l’acquisition de l’autonomie sont des facteurs de réussite scolaire, en particulier dans les secteurs socialement fragilisés. Comment, Monsieur l’Inspecteur d’Académie, allez-vous rendre effective cette priorité académique, notamment en rural sensible, et traduire dans les faits le cadrage ministériel ?

Une des priorités affichée par le ministre consiste à lutter contre l’échec scolaire insupportable et auquel les personnels ne se résignent pas. Cependant, le message envoyé par la fermeture de 40 postes de maîtres spécialisés dans les RASED de l’Oise est clair.

Si cette décision revient à amputer profondément le réseau des maîtres spécialisés du département de plus d’un quart des effectifs (27%), elle va décimer gravement le potentiel des maîtres formés à hauteur de 20%. Nous assistons à un véritable démantèlement qui préfigure une mise à mort en règle des dispositifs RASED.

Parmi les 20 fermetures, pudiquement qualifiées de « transfert en classe ordinaire », 9 concernent des postes G remis en classe ordinaire dont un poste en éducation prioritaire et 11 touchent des postes E dont 2 en éducation prioritaire et 1 poste d’enseignant référent !

3 enseignants spécialisés titulaires sont remis en classe ordinaire. Des stagiaires actuellement en formation sont placés en surnombre, alors que le ministre indique qu’ils ne sont pas concernés. Ce qui reste des Rased est mis en miettes…

En effet, comment envisager sérieusement que ces RASED décimés pourront continuer à assumer les missions qui ont prévalu à leur création et dont l’efficacité aux services des élèves les plus en difficultés scolaires résidait dans la complémentarité des prises en charges et dans les capacités géographiques d’intervention. Et ce ne sont pas les deux heures d’aide personnalisée qui pourront se substituer au travail effectué dans le cadre des RASED comme on tente de le faire accroire. La confusion entre les deux dispositifs n’a pour objectif que de réaliser des économies de postes au détriment des élèves les plus en difficulté.

De même, comment imaginer qu’un maître spécialisé puisse efficacement lutter contre l’échec scolaire quand, en surnombre dans une école, voire deux, il sera en contradiction avec son identité professionnelle et donc dans l’impossibilité de travailler avec les techniques et le cadre spécifiques indispensables à la réussite des aides. Il faut renoncer à cette mesure d’économie budgétaire qui, en contradiction totale avec l’affichage de lutte contre l’échec scolaire, laisse présager un abandon des élèves dont les difficultés scolaires nécessitent une prise en charge spécialisée.

Notre inquiétude est grande aussi de voir le potentiel de remplacement détourné de ses missions initiales. En effet, en raison du manque de postes au concours, l’Académie avait recours à la variable d’ajustement que constitue le recrutement sur la liste complémentaire, dispositif que nous dénonçons. La fin du recrutement de personnels de la liste complémentaire dès le mois de novembre, alors que plusieurs dizaines de postes sont vacants, incite l’administration à affecter les titulaires remplaçants sur ces postes, ce qui diminue d’autant le potentiel de remplacement et affecte gravement la formation continue qui à cette heure a pratiquement disparu.

Le pilotage du système éducatif par les résultats est à l’ordre du jour. Pour ce faire, le ministère instaure l’évaluation des résultats des élèves en CE1 et en CM2. Ces évaluations version 2009, qui vont servir à dresser un bilan sommatif, n’ont pour autre finalité que de conforter le bien-fondé des dispositifs d’aide individualisée (stage de remise à niveau, aide personnalisée). Elles font peser une menace lourde sur le système éducatif, en instaurant un outil de mesure des résultats qui va permettre une concurrence entre les écoles, et à terme, avec la disparition de la carte scolaire, la transformation de l’école en un vaste marché.

Pour la FSU, le risque est grand pour nos élèves que le « tous les élèves ne sont pas capables » remplace le « comment rendre les élèves capables »… et justifie ainsi l’abandon du collège unique, les futures filières précoces, la sélection à l’entrée de l’enseignement secondaire. C’est pour défendre et promouvoir un service public et laïque d’éducation qui porte l’ambition de la réussite pour tous les jeunes que la FSU a appelé l’ensemble des personnels, des usagers, des citoyens à participer aux manifestations du samedi 17 janvier et à la grève du 29 janvier, à l’appel des fédérations de l’éducation nationale dans le cadre de la journée interprofessionnelle d’action. La FSU soutient les mobilisations contre les fermetures de classes à Thiverny, Chepoix, La Landelle, Compiègne, Longueil Annel…ainsi que les initiatives « nuits des écoles » programmées dans le département et réitère sa revendication d’abandon des suppressions de postes.