Nous apprenons le décès brutal de notre camarade Jean Max VIEVILLE survenu au cœur de l’été. Acteur incontournable de la genèse de notre fédération, ex-secrétaire de la FEN Oise puis de la FSU Oise, militant de la laïcité, artisan des luttes de 2003…La section FSU de l’Oise salue le militant infatigable de l’école publique et laïque et présente à sa famille ses sincères condoléances.
Voici le texte lu le 17 août aux obsèques de JMV. Le SNUipp et la FSU de toute la Picardie étaient présents dans leurs diversités.
"Camarade Jean-Max Viéville,
On va faire comme s’il était facile de parler de toi aujourd’hui …
En fait. il faut d’abord dire que, dans quel contexte que ce soit, ta personnalité, ta façon d’être, ton langage ont marqué tes camarades et tes interlocuteurs….
Si Catherine Méry, (Cateuuurine, comme tu l’articulais comme un Axonais,) et moi avons plutôt travaillé avec toi au sein de la FSU Oise dans les années 2000, il nous faut rappeler ici ton riche parcours militant :
Militant et responsable du SNI, puis du SNI-PEGC, tu fus l’instigateur de l’informatisation de la section avec notre premier PC Mac Intosh, informatisation que tu portas à bout de bras alors que personne n’avait les connaissances pour la faire…
Militant et responsable départemental de la FEN, tu as vécu et ressenti toute la douleur de la scission de la FEN, pour ensuite, en 92, travailler d’arrache-pied à la création de la FSU.
Jean-Max, tu as été l’artisan acharné de la reconnaissance de la tendance École Émancipée dans l’écriture des statuts fédéraux et tu fus un acteur incontournable de la genèse de notre fédération…
Des années après, nous fûmes, Catherine et moi, bien en peine d’aller expliquer à d’autres camarades plus jeunes ou à la mémoire défaillante le pourquoi et le comment de l’histoire de la section FSU de l’Oise et de ses statuts, simplement établis et négociés par toi-même lors de la création de la Fédération Syndicale Unitaire.
Tu avais alors obtenu que la seule section majoritairement École Émancipée de France puisse être représentée au CDFN, puisse organiser départementalement ses élections et ses Assemblées Générales de Syndiqués, comme la tendance École Émancipée le prônait.
Tu fus aussi, et de façon tout aussi rageuse un militant de la laïcité.
L’affaire du « Foulard » à Creil fut, et médiatisée et symbolique.
Contre une hiérarchie opportuniste et hypocrite, (je parle du Principal du collège Havez de l’époque), tu fus, comme responsable de la FEN, droit, ferme et réellement en phase avec ces quartiers où tu enseignais.
Le Recteur de l’époque doit également se souvenir de ton acharnement !!!
D’ailleurs, tu t’es toi-même plus tard comparé à un « Pitt-Bull syndical »…. Ce qui évidemment n’a jamais rassuré nos interlocuteurs académiques ou rectoraux !
Tu nous as d’ailleurs aussi grillés au niveau des breloques et médailles, et oui !!
Un jour, dans le cabinet du secrétaire du Recteur, en attente d’audience, le secrétaire te montre une médaille de Palmes Académiques que le Recteur doit remettre à quelqu’un dans l’heure qui suit.
Tu lui précises en plaisantant qu’aucun secrétaire de la FSU Oise n’a les Palmes Académiques, le secrétaire blêmit en promettant d’y remédier au plus vite… tu le coupes en lui disant : « De toute façon, ils les refuseront tous ! »
Nous resterons fidèles à cette affirmation !
Tu t’attachas à développer un travail syndical au-delà du secteur enseignant, dans la fédération avec en particulier le combat des TOS, ouvriers de l’éducation pour les ÉMOP (Équipes Mobiles d’Ouvriers Professionnels) et contre la privatisation du chauffage dans les collèges, et hors la fédération avec des contacts réguliers avec les confédérations.
Tu fus aussi, dans le cadre de la coordination régionale FSU, un efficace représentant de la FSU au CESR, Conseil Économique Social Régional.
Dans cette instance, où notre Fédération pèse peu avec un seul représentant, mais pèse, tu as su et pu transmettre à tous les membres de la coordination de l’époque les documents permettant pour ceux qui le souhaitaient de suivre ces dossiers complexes à traiter…
Tu y as affirmé la FSU, première Fédération de la Fonction Publique d’ État.
Dans la coordination régionale, tu impulsais des débats sur ces questions, car pour toi la formation, la prise de décisions collective étaient centrales.
Il y eut aussi 2003 : une longue lutte !
Dès le 6 mai, alors que nous étions en stage FSU à Clermont, l’AG battait son plein et de nombreux collègues partaient en grève reconductible !
Jusqu’à la fin juin, contre vents et marées, contre même parfois des militants de chez nous, d’autres organisations ou des militants perdus et isolés, la FSU Oise et toi même ont tenu une ligne militante claire et intransigeante : de vraies AG de grévistes ouvertes et une présidence de ces AG démocratique, tenue par la FSU Oise, organisation majoritaire. Tu nous proposas d’en assurer la présidence, (ce qui pour toi était important avant ton départ en retraite) soutenu par des AG locales réunissant jusqu’à 80 collègues au collège Anatole France de Montataire où tu enseignais…
Tu fus aussi l’artisan de la sortie de cette grève et un négociateur du non retrait de salaire les WE et mercredis, retrait appliqué dans d’autres académies…
Tu as été très présent dans les organisations amies. Tu affirmais aux camarades l’importance d’y militer : ainsi tu siégeas pendant de nombreuses années à la MGEN, à la MAE, à la Solidarité Laïque,…
À la retraite depuis 2007, ta santé s’est dégradée, mais tu restais disponible pour nous conseiller.
Salut camarade, l’école publique et laïque, le syndicalisme enseignant et l’École Émancipée te doivent beaucoup".