L’ensemble des organisations syndicales de l’éducation avait demandé la banalisation de la matinée du lundi de la rentrée des vacances afin d’échanger en équipe pédagogique et de préparer ensemble l’hommage à notre collègue Samuel Paty. Le ministère avait concédé après de longues discussions une rentrée des élèves décalée à 10h. Les directrices et directeurs des écoles, les chefs d’établissement, bien souvent en concertation avec les équipes, avaient organisé en cette fin de semaine la reprise de la classe en lien avec les collectivités locales.
Et juste avant le dernier week-end de vacances, le ministre, dans un mail aux enseignant-es dont le contenu avait fuité sur les réseaux sociaux via une députée de la majorité, annule ce temps d’échange entre les enseignant-es et met à mal les organisations trouvées. De manière quasi subliminale le ministre revient également sur les modalités de l’hommage ; tous les temps d’échanges prévus entre adultes sont annulés. Il reste seulement une minute de silence, pas nécessairement préparée avec les élèves et à mettre en œuvre seul-e dans sa classe. Cette décision est indigne.
La solution à l’impératif de sécurité publique invoqué du fait de la menace terroriste est pourtant simple, il aurait suffi de décaler la rentrée du lundi au mardi ce qui répondrait également à l’exigence de préparation de la rentrée avec un nouveau protocole sanitaire et la mise à l’abri des personnels vulnérables qui ne seront pas présents dans les classes lundi.
Ce mépris des personnels et cette décision autoritaire désorganisent encore davantage l’école alors qu’il faudrait au contraire de la sérénité et s’appuyer sur les personnels qui la tiennent à bouts de bras depuis mars dernier.
La FSU demande au ministre de garder le dispositif initial et d’en finir avec la cacophonie incessante de la rue de Grenelle. Elle appelle les enseignant-es à ne pas tenir compte de ce courrier et à rendre hommage à Samuel Paty selon les modalités qu’ils et elles auront arrêtées collectivement. Au cas où cette possibilité leur serait refusée, la FSU les appelle à user de leur droit de grève et se réunir dans les écoles et établissements.
Communiqué du SNES-FSU du 31-10-2020 :
Réorganisation de l’hommage à Samuel Paty : une décision indigne
Pour le Snes-FSU, l’hommage à Samuel Paty doit avoir lieu. Agissons dès maintenant pour honorer dignement la mémoire de notre collègue assassiné.
Le ministère vient d’annoncer que l’organisation de l’hommage à Samuel Paty, lundi 2 novembre, était modifiée. Tous les temps d’échanges prévus entre adultes sont annulés. Il reste seulement une minute de silence, pas nécessairement préparée avec les élèves. Cette décision est indigne.
Notre collègue a été assassiné. Décapité. Parce qu’il exerçait son métier.
Le ministre de l’Éducation nationale fait le choix de réduire le nécessaire temps de réflexion, d’échange, de partage à une simple minute de silence. Il affaiblit aussi l’indispensable travail pédagogique que nous devons commencer avec nos élèves.
L’école a été attaquée. La communauté éducative est meurtrie. Nous ne pouvons pas rentrer, reprendre le chemin de nos établissements scolaires comme si de rien n’était.
D’autres organisations étaient possibles permettant de tenir compte des conditions de cette rentrée hors normes. Elles ont été balayées d’un revers de la main, sans considération pour les impératifs humains et pédagogiques.
Colère, incompréhension, mépris…. les mots manquent.
Samuel Paty a payé de sa vie son engagement professionnel pour des principes qui nous réunissent toutes et tous. Nous lui devons un hommage plein et entier.
- Le SNES-FSU interpelle dès ce soir le ministre de l’Éducation nationale pour qu’il revienne sur sa décision.
- Il appelle les personnels à s’adresser dès maintenant à leurs chefs d’établissement pour maintenir le dispositif prévu initialement avec 2 heures banalisées en début de matinée.
- Là où cette organisation ne serait pas maintenue, le SNES-FSU appelle les personnels à faire grève et à se réunir dans l’établissement pour tenir ce temps d’échange indispensable afin de préparer le retour des élèves.
Jean-Michel Blanquer répète souvent être le ministre des professeurs. Qui peut encore le croire ce soir ?
Lundi 2 novembre, quoi qu’en dise le ministre, nous rendrons hommage à Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, assassiné parce qu’il faisait son métier.
Communiqué du SNUipp-FSU du 31-10-2020 :
Du grand n’importe quoi
Cela avait été discuté avec les organisations syndicales, la rentrée devait être décalée pour laisser le temps aux équipes de se préparer. Et puis finalement, patatras, c’est à 17H30, vendredi soir que tout a été remis en cause.
Bien sûr, le contexte n’est pas simple. Après l’assassinat de Samuel Paty, la recrudescence du virus et le dernier attentat islamiste commis à Nice, la rentrée n’est pas à la fête.
Mais tout de même ! Alors que la décision avait été prise de décaler la rentrée à 10H le lundi matin, que les courriers et messages en direction des familles avaient été passés, la rentrée réorganisée en fonction, un temps d’hommage commencé à être réfléchi par les équipes pourtant en vacances,… le ministère fait finalement machine arrière. Un retropédalage qui ne coûte pas cher à la rue de Grenelle mais qui met par terre les organisations prévues. Ainsi directrices, directeurs et plus largement les équipes seront à pieds d’œuvre ce week-end pour informer les familles des changements pour la rentrée de lundi, qui se tiendra finalement à l’horaire ordinaire.
Et si on avait décalé la rentrée à mardi ?
Cela n’aurait-il pas été plus simple, comme l’avait d’ailleurs demandé le SNUipp-FSU, de décaler la rentrée d’un jour ?
Vraisemblablement, cette solution aurait permis de gérer l’impératif de sécurité publique, de prendre en compte les besoins de temps des équipes pour gérer l’accueil des élèves, mais également de ne pas désorganiser les transports scolaires et les moyens des collectivités territoriales.
C’est à nouveau une rentrée, oh combien particulière et anxiogène dans cette nouvelle situation de confinement et de contexte terroriste qui attend les personnels des écoles.
D’ici lundi, il faudra générer des attestations de déplacement permanentes pour les familles, prévoir les adaptations au protocole sanitaire ou encore réfléchir à la mise en œuvre de situations pédagogiques adaptées avant et après la minute de silence de cette première matinée de rentrée.
A noter d’ailleurs que certains établissements d’enseignement du second degré ont pris la décision de décaler leur rentrée au mardi… afin de pouvoir s’organiser. Deux poids, deux mesures ?
Hommage à Samuel Paty
L’ensemble des organisations syndicales de l’éducation avait demandé la banalisation de la matinée du lundi de la rentrée des vacances afin d’échanger en équipe pédagogique et de préparer ensemble l’hommage à Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, dans des formes adaptées à l’âge des élèves et respectant la liberté pédagogique. Le ministère avait concédé après de longues discussions une rentrée des élèves décalée à 10h, finalement aujourd’hui remise en cause. Le ministre revient également sur les modalités de l’hommage imposant partout une minute de silence, même en maternelle et en cycle 2, comme la lecture de la lettre aux instituteurs de Jaurès, un texte peu accessible aux élèves de primaire voire de collège. Cette décision autoritaire désorganise encore davantage l’école alors qu’il faudrait au contraire de la sérénité et s’appuyer sur les personnels qui la tiennent à bouts de bras depuis mars dernier.
Le SNUipp-FSU invite les équipes à ne pas tenir compte de cette injonction hors sol et à rendre hommage à Samuel Paty selon les modalités initialement prévues, adaptées au jeune âge des élèves des écoles.
Décidément, alors que le ministère n’a de cesse de parler de confiance, prépare un soi-disant « Grenelle », il ne fait pour l’instant que preuve de mépris pour le travail des enseignantes et enseignants des écoles.