SÉCURITÉ ET ABSENTÉISME À L’ÉCOLE : DES CHOIX SÉCURITAIRES ET RÉPRESSIFS.

La FSU dénonce les annonces faites suite aux États généraux sur la sécurité à l’école car elles ne répondent pas aux attentes et aux besoins. Elle s’oppose notamment à la labellisation des 100 établissements CLAIR qui organise un réseau de collèges et lycées de seconde zone avec des déréglementations inacceptables pour les élèves comme pour les personnels. La FSU poursuivra ses actions et ses interventions pour une meilleure prise en charge des élèves, et notamment ceux en difficulté et dans les zones d’éducation prioritaire.

Violence en milieu scolaire : de quoi parle-t-on ?

Il n’y a pas d’augmentation notable des phénomènes de violence en milieu scolaire contrairement à ce que pourrait laisser croire la médiatisation. Les quelques incidents gravissimes (intrusions, l’usage d’armes…) sont concentrés dans 10 % des établissements, situés dans des territoires en déshérence sociale. Cette violence est marquée au quotidien par la multiplication d’actes d’incivilités et de violence verbale et physique dont le traitement ne passe pas par une politique de "sanctuarisation" des établissements. Depuis 1992, les différents « plans » de prévention de la violence à l’école ont privilégié le seul registre sécuritaire (vidéosurveillance, portiques de détection, "États Généraux de la sécurité à l’école") et le recours à des personnels précaires et non formés plutôt qu’à des emplois statutaires. Pour la FSU, la prévention de la violence passe par des réponses éducatives ambitieuses et inscrites dans la durée…

Les mesures inadaptées de l’institution

"-" Les portiques détecteurs de métaux ont fait la preuve, dans les pays qui les ont mis en place, de leur inefficacité.

"-" Les caméras de surveillance, à l’effet très marginal, ne saurait se substituer à la présence de personnels formés et en nombre suffisant.

"-" Nous récusons totalement l’idée de la présence d’un policier ou d’un gendarme au sein de l’établissement.

"-" La transformation des emplois de MI-SE en assistants d’éducation a fragilisé les établissements : la multiplication des contrats aidés dans les vies scolaires ne constitue pas non plus une solution viable.

"-" Les EMS (équipes mobiles de sécurité) constituées de personnels précaires et non formés ne sauraient se substituer aux milliers de personnels de vie scolaire dont ont été privés les établissements. Un véritable travail pérenne de prévention suppose de connaître les élèves, les familles, les problématiques du quartier…

"-" Il n’est pas souhaitable qu’au-delà des textes réglementaires existants qui régissent les procédures disciplinaires dans les EPLE se mette en place un « code de la vie scolaire ». Les écoles et les EPLE sont soumis au droit commun que ce soit pénal ou civil, droit déjà trop fourni en dispositions diverses dont la plupart ne sont pas appliquées ou le sont imparfaitement. Il n’y a donc pas lieu de légiférer spécifiquement. Par ailleurs, les fonctionnaires et les agents publics disposent déjà d’une protection juridique de l’administration qui doit être mise en oeuvre dès qu’elle est sollicitée.

"-" L’absentéisme est d’abord le signe d’un mal-être et de situations complexes (familiales, personnelles, scolaires, …). La proposition de pénaliser financièrement les familles des élèves concernés aurait surtout comme effet de les stigmatiser et de renforcer leurs difficultés.

Prendre en compte les facteurs multiples pour apporter des réponses adaptées.

La situation dans les établissements scolaires reflète la dégradation des relations sociales et la banalisation de la violence dans la société. Selon l’ODAS (Observatoire national De l’Action Sociale décentralisée), neuf millions de personnes, dont deux millions d’enfants, vivent sous le seuil de pauvreté. Les effets de la pauvreté, du chômage, de la précarité et de l’exclusion sociale que vivent de trop nombreuses familles, les ségrégations urbaines constituent des facteurs exogènes qui pèsent sur le climat dans les écoles, collèges et lycées :

Mais il convient aussi de ne pas ignorer tous les facteurs endogènes :

"-" les suppressions massives d’emplois qui détériorent les taux d’encadrement, dégradent les conditions de travail et de vie des élèves au sein de la classe et de l’établissement scolaire,

"-" la localisation des établissements, leur taille et leur architecture,

"-" l’absence de mixité sociale que renforce aujourd’hui l’assouplissement de la carte scolaire,

"-" la prise en charge d’élèves de plus en plus divers sans moyens ni formation pour y faire face,

"-" des personnels qui font l’objet d’injonctions multiples de la part de l’institution et de leur hiérarchie et qui ont de plus en plus le sentiment de travailler dans l’urgence, de ne jamais pouvoir "se poser" pour réfléchir, donner du sens à ce qui est fait,

"-" une instabilité des équipes dans les établissements les plus difficiles qui fragilise la cohérence de l’équipe éducative,

"-" une orientation des élèves trop souvent subie et tributaire de l’offre locale de formation,

"-" le manque de perspectives de qualification pour une partie de la jeunesse,

"-" un échec scolaire installé parfois dès les premières années de la scolarité.

Lorsque le système éducatif dégrade les conditions d’étude des élèves et n’apporte pas de réponse aux difficultés de certains d’entre eux, ceux-ci se sentent marginalisés et leur sentiment d’échec peut se transformer en révolte, en violence latente face à un avenir compromis.