A quelques mois des présidentielles, l’OCDE dresse un portrait terriblement accusateur pour la politique éducative des gouvernements des dix dernières années : inégalités sociales et ethniques dans l’accès à l’éducation, baisse du taux de scolarisation, désinvestissement dans l’éducation y compris dans les salaires des enseignants, l’école française a rompu avec sa tradition républicaine.
La tonalité n’est pas très positive : certes la France a rattrapé son retard sur les autres grands pays européens en améliorant le taux de diplômés dans la population sur les 30 dernières années. Mais sur ces dix dernières années la situation s’est considérablement dégradée.
Le taux de scolarisation des 15-19 ans a généralement augmenté de 9,5% dans les pays de l’OCDE. En France il est passé de 89 à 84%. Certes cela résulte en partie de la baisse des redoublements. Mais cela se traduit par le fait que 130 000 jeunes quittent le système éducatif sans diplôme du secondaire ce qui est énorme. La situation n’est pas meilleure chez les 20-29 ans où le taux stagne alors que dans l’OCDE il a monté de 8%. Le gouvernement s’est engagé à avoir 50% d’une tranche d’âge diplômé du supérieur. Il lui manque 30 000 jeunes diplômés. C’est presque 200 000 jeunes qui n’atteignent pas le niveau scolaire que la société considère comme normal.
Pour les dépenses pour l’éducation , la France se singularise à nouveau. Elle est simplement le dernier pays de l’OCDE pour l’évolution de ses dépenses éducatives. Elles ont évolué moins vite que le PIB, même si le rythme n’est pas le même du primaire au supérieur. Il y a par contre une unité pour les salaires des enseignants qui sont toujours inférieurs à la moyenne de l’ OCDE : 33 359$ pour un enseignant du primaire français contre 38 914 dans l’OCDE ; 38 856 en collège français contre 41 701. Ces salaires ont diminué en France alors qu’ils ont progressé dans tous les pays de l’OCDE sauf deux : seule la Hongrie fait plus mal que la France.
L’école a rompu avec ses valeurs républicaines. Mais le pire est peut-être la montée des inégalités sociales dans l’accès à l’éducation. L’influence de la famille dans l’éducation est particulièrement forte en France estime l’OCDE. Sur 34 pays, elle n’est plus forte que dans un seul pays (la Nouvelle Zélande). L’origine pèse aussi d’un grand poids. En moyenne dans l’OCDE il y a 55 points d’écart (aux résultats de PISA) entre un jeune allochtone de première génération et un autochtone. En France l’écart est de 75 points, soit presque deux années de scolarité. Pour la seconde génération il est de 55 points contre 35.
Pourtant les diplômes ont un effet certain en France. Ils protègent du chômage davantage en France qu’ailleurs. Ils assurent un gain sensible à celui qui a investi dans son éducation. Ainsi le gain d’un diplômé du supérieur par rapport à un non diplômé représente 291 000 $ sur une vie en France (330 000 dans l’OCDE) et 191 000 pour une femme (233 000). A noter l’écart entre les genres ! Pour l’Etat la rentabilité est aussi importante : un diplômé du supérieur "rapporte" (en balance entre impôt et services rendus par l’Etat) 64 000 $ soit le triple de l’investissement mis dans son éducation.
lien vers le rapport : http://www.oecd.org/edu/rse2011