Communiqué de la FSU, Les Lilas, le 6 Juillet 2011

La durée d’assurance, une question politique !

Le COR a rendu ce mercredi 6 juillet un avis portant sur la durée d’assurance requise pour le taux plein pour la génération 1955. Cet avis résulte de la loi du 9 novembre 2010 qui, tout en conservant le principe d’un allongement de la durée d’assurance au fil des générations, demande au COR de rendre un « avis technique » sur cette durée.

L’application purement arithmétique d’une formule de calcul prenant en compte les gains d’espérance de vie conduirait à augmenter d’un trimestre la durée de cotisation pour la génération 1955, la portant à 166 trimestres. Pour la FSU, il n’est pas pensable de rendre un avis sur une question essentielle pour les salariés, en le confinant à une dimension purement technique, voire mécanique, et en le déconnectant d’un débat plus général.

Lors de la séance du COR, la FSU s’est exprimée contre cet allongement de la durée d’assurance. Il pénalise particulièrement les salariés qui ont des carrières plus courtes ou interrompues. Comme d’autres organisations syndicales, elle a dénoncé les injustices que cela pouvait engendrer pour les femmes, les salariés ayant de longues périodes de chômage, les jeunes qui entrent plus tard dans l’emploi mais aussi les salariés ayant des carrières longues ou les travailleurs handicapés.

La FSU partage l’idée, exprimée dans l’avis du COR, que celui-ci est un lieu « d’expertise et de débat » et qu’il ne doit pas entrer dans ses missions habituelles de rendre des « avis techniques » sur telle ou telle disposition prévue par la loi. Ce procédé ne peut que fragiliser cette instance en prenant le risque de lui faire endosser des responsabilités qui sont en dernier ressort celles du gouvernement.

QUAND LE COR CONSENT…

La loi de 2010 portant réforme des retraites prévoit que la durée d’assurance nécessaire pour obtenir une retraite au taux plein est désormais fixée pour chaque génération l’année de ses 56 ans, après « avis technique » du Conseil d’Orientation des Retraites (COR). Le COR se réunit le 6 juillet pour rendre cet avis. Le nombre de trimestres nécessaires pour obtenir une pension au taux plein, calculé sur la base des travaux de l’INSEE, passerait de 165 à 166 trimestres pour les salariés nés en 1955. Ce calcul résulte de la loi de 2003 qui prévoit le partage des gains d’espérance de vie entre durée d’activité pour 2 tiers et durée de retraite pour 1 tiers. La réforme de 2010 n’a pas entendu remettre en cause le principe de cet allongement de la durée d’assurance. Non seulement, depuis le 1er juillet, les salariés devront partir après 60 ans mais ils devront aussi cotiser plus longtemps. La note est particulièrement salée !

La FSU s’oppose au recul de l’âge de départ et à l’allongement de la durée d’assurance. Ces mesures se heurtent à une réalité incontournable : les jeunes entrent de plus en plus tard dans l’emploi ; les travailleurs âgés en sont exclus de plus en plus tôt. L’allongement de la durée de cotisation ne fait donc que dissimuler une baisse des pensions, aggravant la situation des salariés qui ont une carrière courte ou accidentée. Les jeunes, les chômeurs, les femmes seront particulièrement pénalisés. L’allongement de la durée d’assurance aura aussi des incidences sur les dispositifs « carrières longues » toujours plus étroits ou sur la retraite de ceux des travailleurs handicapés qui auraient pu prétendre à un départ plus précoce.

La FSU regrette que le COR se contente de rendre un « avis technique » sur des choix de société essentiels et se laisse instrumentaliser par un gouvernement qui a d’ores et déjà annoncé la couleur. Pour la FSU, il est indispensable de sortir de cette spirale d’injustices et de régressions pour les salariés et de débattre des moyens de financer durablement un système de retraite garantissant à toutes les générations une retraite de bon niveau à 60 ans.

1er juillet : entrée en vigueur d’une réforme rejetée par la population !

Communiqué FSU

Les Lilas, le 1er juillet 2011

Les mesures les plus emblématiques de la réforme des retraites adoptée par la majorité parlementaire à l’automne dernier entrent en vigueur ce premier juillet : désormais 60 ans n’est plus l’âge du départ en retraite et l’âge d’une retraite au taux plein est repoussé au-delà de 65 ans. Tandis que le chômage frappe une partie importante de la population active du pays, que les entreprises continuent à licencier massivement les salariés seniors, ce choix ne peut en aucun cas résoudre les besoins de financements des retraites, et induit une baisse des pensions.

Les salariés comme l’immense majorité de la population l’ont bien compris. C’est pourquoi ils ont construit un mouvement de protestation d’une ampleur inédite à l’automne 2010 pour s’opposer à cette réforme brutale, inefficace et injuste, conduite au détriment des femmes et de l’ensemble des jeunes générations et exiger de débattre d’une tout autre réforme..

Dans la Fonction publique, la suppression de la retraite anticipée des parents de trois enfants se traduit par un gâchis humain important et une fragilisation du service public, qui perd des personnels expérimentés sans avoir anticipé sur le recrutement de leurs remplaçants (pour celles qui le seront), particulièrement dans les domaines de la santé, de l’enseignement, des services sociaux dont les métiers sont très largement féminisés.

Contraindre les fonctionnaires à prolonger leur activité aurait pu contrarier les effets du dogme gouvernemental de ne pas remplacer un départ en retraite sur 2 dans la Fonction publique ; le gouvernement a trouvé la solution au détriment des mères de famille:alors qu’elles souhaitaient poursuivre leur activité professionnelle, environ 20 000 d’entre elles ont été poussées à anticiper leur retraite, faute de voir leurs droits à pension réduits jusqu’à 30%.

Les fonctionnaires ont été particulièrement affectés par la réforme du minimum garanti de pension, entrée en vigueur dès le 1er janvier et l’aggravation de la perte du pouvoir d’achat de leurs salaires du fait de l’augmentation de la retenue pour pension.



Pour la FSU, le dossier est loin d’être clos et elle est déterminée à porter dans le débat public des prochains mois ses propositions pour le financement des droits à reconquérir en matière de retraite.