Annonces. Lors de la conférence de presse d’hier après-midi (28 mai 2020), le premier ministre a confirmé le passage de toute la France (hormis l’Ile-de-France, la Guyane et Mayotte) en vert. Cette annonce s’accompagne donc de la réouverture des collèges et des lycées de notre département. La limitation de déplacement dans un périmètre de 100km est aussi levée. Cependant, les réunions de plus de 10 personnes dans l’espace public sont toujours interdites (évitant ainsi d’éventuelles manifestations contestant la politique gouvernementale…). D’autres annonces ont également été faites concernant la réouverture de certains commerces, restaurants, lieux culturels, lieux de pratique sportive.
L’absence de rebond de l’épidémie, l’évolution positive de la situation sanitaire sont réjouissantes mais la FSU rappelle que les personnels de l’Éducation Nationale ont, plus que jamais, pris leur part de responsabilité face à des manquements criants de notre administration (non réponses, communication très tardive voire absente). Cette action n’est pas assez reconnue. Si l’école et le service public ont pu se maintenir pendant la crise que nous vivons, c’est bien grâce à eux. Il faut le dire et l’affirmer.
Une large part de cette conférence fut consacrée à la situation des écoles, collèges et lycées. Notre analyse de la situation et les premières informations dans le département de l’Oise :


100 % des écoles et établissements ouverts. Le Ministre annonce la réouverture de l’ensemble des écoles, collèges et lycées. Cela sous entend que les arrêtés pris par les différentes mairies (300 communes dans l’Oise) ne seront, progressivement, plus valables et que les autorités préfectorales reprendraient la main comme le veut la réglementation. Il est évident que cette annonce faite un jeudi soir ne pourra pas être mise en application dès mardi 2 juin mais progressivement. Et si toutes les écoles et établissements ouvrent, les personnels seront tous invités à retourner sur leurs lieux de travail, y compris pour certain-es actuellement autorisé-es à s’absenter. Cette mobilisation sera progressive et devra s’adapter à la situation de chaque école et circonscription qui ne vivent pas les mêmes réalités : taille des écoles, capacité des collectivités à suivre le protocole sanitaire, nombre d’élèves présents. Même si, dans le premier degré, des IEN demandent à des directeur-trices de s’adresser dès maintenant aux maires des communes dont les écoles sont fermées.


Autorisations d’absence pour les personnels. Vous le savez, c’est la FSU porte, avec la question des équipements, à bras le corps cette question. Sans nos interventions répétées et appuyées à tous les niveaux, qui sait ce qu’il en serait aujourd’hui ? Qu’ils soient enseignant-es, AESH, AED ou administratifs, les personnels qui le souhaitent doivent pouvoir continuer de garder leurs enfants chez eux s’ils font le choix de ne pas les scolariser et s’ils n’ont pas d’autre solution de garde. Les enfants des personnels sont considérés comme public prioritaire dans l’accueil des élèves au sein de leurs écoles. La possibilité de ne pas scolariser son enfant est effective pour tous les citoyen-nes et donc les personnels de l’Éducation Nationale. De prime abord, cette possibilité ne peut s’opposer à l’obligation d’assurer le service. Une communication sera apportée aux personnels par l’intermédiaire des chefs de services (IEN et chefs d’établissement). La FSU réclame une communication claire auprès de l’ensemble des personnels.
La FSU conseille donc aux personnels de s’organiser au sein des équipes en fonction du nombre d’élèves présents et attendus sur chaque jour de la semaine (voire 1/2 journées) et de l’organisation du présentiel-distanciel. Pour le premier degré, ce schéma d’organisation de l’école peut être transmis à l’IEN, il précisera les personnels qui assureront l’accueil physique et celles et ceux qui poursuivront le travail à distance. Les organisations prévues pour la semaine prochaine sont maintenues s’il n’y a pas de consignes particulières (nous saisir en cas de besoin).
Le supérieur hiérarchique peut être sollicité afin d’exprimer une demande d’autorisation d’absence si par exemple il y a le souhait de ne pas scolariser son enfant et l’impossibilité d’autres solutions de garde ou toute autre situation particulière. N’hésitez pas à nous tenir informés.


Droits des personnels. Qu’il s’agisse des autorisations d’absence ou des équipements de protection, depuis le début de l’épidémie, la FSU s’attache à défendre sans transiger les droits des personnels ; toutes nos revendications n’ont pas encore, à ce stade, abouti. La demande de masques de qualité et réellement protecteurs (FFP2) notamment si nos élèves n’en portent pas est toujours d’actualité. Les informations communiquées par la FSU concernant l’utilisation du droit d’alerte et du droit de retrait sont toujours d’actualité et accessibles (voir ici).


Volontariat des familles. Le Ministre de l’Éducation Nationale a précisé que la scolarisation des enfants et des jeunes se faisait toujours sur la base du volontariat mais que c’est le retour progressif de tous qui doit être visé. C’est toujours aussi contradictoire et incompréhensible. La FSU considère que l’obligation scolaire doit être réaffirmée et que tous les élèves doivent être réadmis (même si la scolarisation est partielle du fait de la taille maximum des groupes) quand les conditions sanitaires sont réunies. Cette position creuse encore plus les inégalités sociales et scolaires, car le constat fait aujourd’hui c’est que les élèves à qui profiteraient le plus ce retour en classe sont aujourd’hui absents. Les personnels sont dévoués et innovent pour maintenir un lien scolaire bien fragile avec ces familles mais tout cela commence à trouver des limites après plus de 2 mois sans aller en classe.


Protocole sanitaire. Le protocole sanitaire ne sera pas édulcoré ni allégé. Mais comment permettre à plus d’élèves de venir à l’école quand les effectifs maximums sont déjà atteints ? C’est l’équation impossible qu’ont et auront beaucoup de collègues à tenter de résoudre car la hiérarchie, déconnectée des réalités du terrain ne répond pas à ces questions. Bien souvent, cela se traduit par une scolarité à temps partiel. C’est cette logique qui prime afin de permettre à toutes et tous de revenir à l’école. La FSU rappelle que si le protocole sanitaire n’est pas appliqué ou applicable, l’école ou l’établissement ne doit pas rouvrir. Concernant le nombre maximum d’élèves à accueillir, le Ministre a parlé de 15 maximum sans différencier l’effectif en maternelle (la règle de 10 élèves maximum a-t-elle vocation à disparaître ?).


Inspiration Belge. Le gouvernement belge a, lui, tranché : les enfants sont moins contagieux et moins infectés : aussi la distanciation physique ne s’appliquera pas pour les élèves de maternelle (https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/deconfinement-belgique-accelere-retour-ecole-1834464.html). Ne devrait-on pas s’en inspirer ?


Suspicion de Covid dans l’école. Lors du CHSCTMEN du 25 mai, la FSU, a porté la nécessité d’un bilan régulier de l’évolution de l’épidémie dans les écoles, mais également qu’un principe de précaution s’applique, en cas de suspicion ou de cas avéré de Covid-19, pour protéger la communauté éducative. Ce principe de précaution passe par l’extension aux cas de suspicion des consignes prévues pour les cas avérés, c’est-à-dire l’isolement des adultes et enfants contacts dans l’attente du résultat du test de la personne concernée et la désinfection des locaux et matériels utilisés. Ces consignes prévues dans le protocole sanitaire national ne sont pas toujours strictement appliquées en cas de Covid-19. N’hésitez pas à nous signaler toute difficulté. Il est aussi conseillé de prendre l’attache du médecin de prévention des personnels : 03 44 06 45 86 ou medecin-prevention60@ac-amiens.fr et du secrétaire du CHSCT de l’Oise, Pierre Ripart : chsctd-sec-60@ac-amiens.fr.


Nos élèves. Comme la FSU l’a rappelé à plusieurs reprises, les élèves sont depuis le début du déconfinement les grands oubliés. Nos interventions répétées au niveau académique et départemental ont enfin abouti à ce que l’académie organise un webinaire sur ces questions mercredi 27 mai. Mais des interrogations demeurent quand le protocole, de par les contraintes fortes notamment en matière de distanciation physique, peut créer des situations de maltraitance à l’égard de nos élèves. Heureusement, les personnels enseignant∙es, les AESH, les personnels territoriaux sont là et agissent avec la plus grande professionnalité toujours dans l’intérêt de leurs élèves.


Sport santé, culture, civisme ou 2S2C. Il s’agit de la pirouette du ministère qui s’est dit : « Tiens, que fait-on des élèves si on est au-delà de 15 dans toutes les classes de l’école ? » Il faut qu’ils soient pris en charge par un dispositif parallèle à l’école, sur le temps scolaire. Bingo ! On a la solution : 2S2C « sport santé, culture civisme » (mis en place par les communes avec subvention de 110 euros par jour et par groupe de 15 élèves). Au prétexte de devoir cadrer ce temps périscolaire sur temps scolaire et sur fond de crise sanitaire, l’Éducation Nationale s’apprête donc à signer des conventions avec des mairies ou des intercommunalités pour déléguer à des partenaires extérieurs des pans entiers des enseignements scolaires : éducation physique et sportive, éducation à la santé, éducation artistique et culturelle, éducation à la citoyenneté. À terme, une telle initiative fait naître de vives inquiétudes qu’elle réduise drastiquement le champ de l’enseignement de l’école publique pour la concentrer sur les seuls fondamentaux. C’est la grande tentation déjà affichée de notre ministre !
Autre souci et non des moindres, dans le premier degré, on demande aux directrices-teurs d’école – encore elles-eux – de superviser ce truc, de se réunir avec la mairie, pour signer des conventions, mettre en place les groupes et les activités. Et très gentiment on leur dit : « Prenez du temps de décharge pour cela ! » la belle affaire ! Du temps, certains n’en ont pas car sont en classe, gèrent le distanciel avec leurs élèves encore à la maison, gèrent les collègues qui craquent, les familles qui posent plein de questions, révisent le protocole avec la venue de nouveaux élèves dès le 2 juin. Donc STOP !


Application Stop Covid. L’application qui a légitimement suscité beaucoup de débats ces dernières semaines va être disponible dès le 2 juin. Elle permet le traçage numérique des citoyen-nes en leur transférant la responsabilité de la sortie de crise sanitaire. Les citoyen-es qui accepteraient de se soumettre volontairement à cette surveillance, renonceraient à une partie de leur liberté et à leur vie privée. Dans la période, la mise place d’une politique sanitaire s’est doublée d’une politique sécuritaire qui limite petit à petit les libertés individuelles à grand renfort d’outils technologiques : utilisation des drones de surveillance, géolocalisation des personnes, centralisation des données de santé, application pour générer des attestations de déplacement… La mise en place de cet arsenal de surveillance de masse soulève de nombreuses inquiétudes dans une période où plus aucun contre-pouvoir n’a de marge de manœuvre, où la répression contre toute forme de contestation du pouvoir en place s’accentue, où le risque est réel de voir toutes les nouvelles mesures liberticides s’inscrire durablement dans le droit commun (comme ce fut le cas pour l’état d’urgence anti-terrorisme).