Comité technique paritaire départemental du 24 septembre 2010

Déclaration préalable de la FSU Oise

Les conditions de cette rentrée scolaire 2010 confirment les pires inquiétudes que nous avons eu l’occasion d’exprimer à plusieurs reprises et que nous aurons malheureusement l’occasion d’illustrer à travers l’ordre du jour de ce CTPD.

En effet, cette rentrée 2010 dans l’Oise est conditionnée par des choix nationaux réaffirmés : ce sont notamment 32 000 postes supplémentaires qui seront supprimés entre 2010 et 2011, dans l’éducation (61364 depuis 2007). Durant la même période, nous connaissons une baisse des recrutements sans précédents : on est passé de 22000 recrutements 1er et 2ème degré en 2007 à 11600 R 2011(soit pratiquement un volume de recrutements divisé par 2) et dans le seul premier degré, les recrutements sont passés de 12940 à la rentrée 2004 à 3000 à la rentrée 2011.

Le ministre peut toujours se targuer d’une rentrée en apparence réussie sur le plan technique, sa communication ne peut masquer aux personnels, parents, élèves et étudiants les effets négatifs d’un choix de société qui affecte profondément le service public et laïque d’éducation.

Les élèves les plus en difficulté sont les premières victimes des effectifs de classe en hausse et des suppressions de dispositifs d’aide dans la classe, des problèmes de remplacement, des tours de vis budgétaires, de la suppression de la carte scolaire, de la dégradation de la formation professionnelle des enseignants, des réformes anti pédagogiques, … Il s’agit bien du renoncement à l’ambition d’une nouvelle étape de démocratisation du système éducatif : volonté de faire disparaître la scolarisation avant trois ans, refus de porter à 18 ans la scolarité obligatoire, reprise de l’objectif européen de 50% de diplômés au niveau 2 de l’enseignement supérieur en cantonnant une partie de la jeunesse au seul « socle commun » et en oubliant l’objectif de 80% d’une classe d’âge au niveau du bac, mise en place de la réforme du lycée qui se traduit par un appauvrissement de l’enseignement, en particulier par la mise à mal de la filière technologique, volonté de développer à tout prix l’apprentissage hors statut scolaire, abandon de la politique d’éducation prioritaire.

La politique du mérite individuel et la responsabilisation de chacun face à ses difficultés ou ses échecs réduit en réalité la justice sociale à la question des droits individuels avec des conséquences désastreuses pour le « collectif ».

Le Président de la République multiplie les discours sur la sécurité, y compris dans l’éducation, et assortit ses propos de « solutions » qui tiennent avant tout de l’affichage et de la communication : expérimentations à tout va, et éclatement du cadre national.

A chaque problème, on crée une nouvelle structure : ERS pour les élèves perturbateurs, internats d’excellence pour les élèves méritants, expérimentations d’aménagements du temps scolaire, sanctions pour les parents de mineurs délinquants, suspension des allocations familiales comme réponse à l’absentéisme scolaire. Concernant les établissements CLAIR, pour soit disant sortir de la violence, c’est, pour les 6 établissements de l’Oise, une surprise mêlée d‘inquiétude qui affecte les personnels. Qu’ont-ils fait pour mériter cela ? Les voilà de fait devenus des sans statuts, des bons à tout !, en attendant d’exprimer leur refus par le vote franc et massif que nous appelons en conseil d’administration prochainement. A ce sujet, les chefs d’établissement ont bien du mal à expliciter la circulaire ministérielle lors des réunions de rentrée. Pour la FSU, ces dispositifs CLAIR sont des laboratoires qui préfigurent la casse du service public et des statuts des personnels. Par ailleurs, nous ressentons comme une provocation supplémentaire la désignation de personnels sous l’appellation inacceptable dans l’école de la République de « préfet des études » qui nous renvoie aux personnels des séminaires et autres établissements religieux de l’ancien régime. Tout cela alimente la présence médiatique du ministre porte parole du gouvernement sans donner de la crédibilité à ces dispositifs. La déréglementation est de mise, au niveau des contenus, des conditions d’enseignement, des personnels. L’éducation devient de moins en moins nationale et laisse le soin aux personnels sur le terrain de jouer les appentis sorciers !

Pour les personnels, cette politique se traduit par une dégradation de leurs conditions de travail, une transformation de leurs missions, un alourdissement de leur charge de travail, un développement de la précarité et une atteinte aux statuts. Au collège, la généralisation de l’expérimentation du livret personnel de compétences sans aucun bilan ne règle rien sur le fond et soulève, au contraire, de multiples problèmes.

Le renforcement de l’« autonomie » des établissements et leur mise en concurrence visent à effacer la notion de règles nationales au profit de la déréglementation et de l’accroissement des pouvoirs locaux des chefs d’établissements…Pour toutes ces raisons, les syndicats du second degré de la FSU ont appelé à la grève dès la rentrée, pour alerter l’opinion publique.

Face à la crise que traversent nos sociétés, aucune solution crédible et démocratique ne peut se concevoir sans une véritable « priorité à l’éducation ». Dans d’autres pays, les gouvernements misent sur l’éducation pour sortir de la crise. C’est le choix inverse qui prévaut en France, à tel point que la confiance des français envers l’école s’effrite (cf sondage CSA). Pour la majorité des français (55%), les réformes vont dans le mauvais sens pour réduire l’échec scolaire et pour 75% d’entre eux, le non remplacement d’un enseignant sur deux aura des effets négatifs sur la réussite des élèves alors que la scolarisation des enfants de moins de trois ans est une bonne chose (56%). Le rapport de la Cour des comptes de mai 2010 illustre ce désengagement de l’état attesté par le rapport sévère et alarmant de l’Inspection générale qui pointe un manque de moyens d’enseignements de 1300 ETP dans le premier degré et de 2700 dans le second degré. D’ailleurs, la part du PIB consacré à l’éducation est passée de 4,5% à 3,9% entre 1995 et 2006.

Pour la réussite de tous les élèves, il faut au contraire privilégier une conception encore plus collective et solidaire de la construction des apprentissages, investir dans une prise en charge efficace des difficultés scolaires et la réduction des inégalités.

La mobilisation est nécessaire pour de tout autres choix ! La FSU et ses syndicats, partout, seront présents !